Janine, c’est une petite entreprise qui n’innove pas et qui fait comme d’habitude. Elle existe depuis plusieurs décennies : grâce à son passé, à son savoir-faire traditionnel, à son réseau, elle a réussi à faire sa place. Sa devise, ce serait une phrase de Chopin « le temps est le meilleur des critiques, et la patience le meilleur des professeurs ». Elle capitalise sur ce qu’elle a construit dans le temps.

Le Ninja, c’est le nouvel entrant qui n’a pas encore assez d’expérience pour avoir une méthode ou des convictions arrêtées sur la meilleure manière de croître. Il teste, il expérimente. Sa devise serait du Beckett : « Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Echoue encore. Echoue mieux ». Il est brut de décoffrage, fonceur, parfois frondeur. Il n’a que faire de l’existant, il crée ses propres règles du jeu.

Ces dernières semaines, j’ai constaté à maintes reprises que la crise avait révélé le potentiel Ninja de bien des Janine. Des entreprises fonctionnant en BtoB se sont converties au BtoC pour survivre, des structures spécialisées dans la mode ont revu leurs chaînes de production pour se consacrer à la fabrication de masques, des bistros fermés pour une durée indéterminée ont proposé la vente à emporter de produits d’épicerie ou des bons d’achat pour préparer la reprise… Personne ne sait à quoi ressemblera le fameux monde d’après, mais ce qui s’est passé en quelques semaines est déjà extraordinaire d’un point de vue innovation.